VIE ASSOCIATIVE 21 octobre 2021
Baldo Mag N°4 – Oct 21
122 ans de passion pour les courses
Après la création de l’hippodrome de Longchamp, à Paris, en 1857, les courses de chevaux attirent un public croissant. Rapidement, pour donner du piment au spectacle, les spectateurs commencent à parier. Au jeu direct entre personnes se connaissant se substitue le jeu public.
Deux modes de paris se développent : – le pari à « la poule », où le joueur qui dépose sa mise se voit attribuer le numéro d’un cheval engagé ; le détenteur du ticket portant le numéro du cheval vainqueur reçoit la totalité des mises ;
– le pari « au livre », fondé sur une cote fixe, proposée par un « donneur » à un « preneur » ; dans ce cas, le donneur peut avoir intérêt à voir le cheval choisi par le « preneur » perdre la course et, ainsi, être tenté d’influencer le résultat de l’épreuve.
En 1868, frappé par les nombreuses tricheries régnant dans ces types de paris, Joseph Oller, un ingénieur espagnol immigré, a l’idée d’exclure le hasard, tout en maintenant le principe de la mutualisation
des gains, l’argent des perdants revenant aux gagnants. Les parieurs choisissent librement un cheval et ceux qui ont désigné le cheval gagnant se partagent le montant des enjeux. Telle est, en bref, l’histoire de la naissance du pari-mutuel.
Et Saint-Galmier, dans tout cela ?
C’est en 1899 que Joseph Desjoyaux, maire de Saint-Galmier de 1895 à 1919, conseiller général du canton de Saint-Galmier, propriétaire terrien à Saint-Galmier, passionné de chevaux, décide de créer un hippodrome sur ses terres, au lieu-dit « La Colombinière. » Pour créer le champ de courses, il fait tracer, dans un pré, une piste circulaire sur laquelle il fait implanter monticules et haies ; il fait ensuite construire une tribune avec gradins, ainsi qu’une tribune panoramique. La société hippique de Saint-Galmier vient de naître et, tout naturellement, Joseph Desjoyaux en devient président. Il le restera pendant 33 ans, jusqu’à sa mort, au printemps 1935.
La partie de l’hippodrome réservée aux spectateurs est alors divisée en deux zones : le « pesage » et la « pelouse. » Le pesage, avec tribune et gradins en bois, est réservée aux personnalités et aux propriétaires de chevaux, qui peuvent ainsi voir l’ensemble du champ de course. Les hommes sont vêtus en « costumes du dimanche » et portent cravate et chapeau de feutre, panama, canotier ou chapeau melon. Les femmes se distinguent par leurs robes élégantes chargées de falbalas, leurs chapeaux ornés de fleurs artificielles et, accessoires indispensables, leurs ombrelles à leurs bras. En-dessous de cette tribune se trouvent une buvette et un emplacement réservé à la Société Philharmonique qui donne une aubade après chaque course et joue « La Marseillaise » à l’arrivée de la course des militaires. Pour un prix d’entrée plus modeste, on peut assister aux courses depuis la « pelouse », laquelle ne comporte pas de tribune. A cette époque, deux réunions de courses sont programmées dans l’année, le dimanche et le lundi de Pentecôte. Après la Première Guerre Mondiale, une troisième réunion sera ajoutée au programme annuel, le premier dimanche d’août, en concordance avec la fête patronale de la commune. Une quatrième réunion sera octroyée à la Société Hippique en 1937.
Six réunions seront autorisées en 1974, puis l’année suivante une septième. Après le décès de Joseph Desjoyaux, sept présidents vont se succéder à la tête de la société. Chacun marquera de son sceau l’histoire de l’hippodrome ; ils ont pour noms :
– Charles de Poncins (président de 1936 à 1958) qui fait, en particulier, supprimer la « pelouse », pour agrandir l’espace réservé aux spectateurs et conclut également l’achat de l’hippodrome à la famille Desjoyaux ;
– Georges Forissier (président de 1959 à 1967) ;
– Robert de Poncins (président de 1967 à 1987) : c’est sous sa présidence que trois représentants de la ville de Saint-Galmier sont admis à siéger au sein du conseil d’administration de la Société Hippique ;
– René Jay (président de 1987 à 1989) : passionné de chevaux, il ne manque pas de « driver » dans les courses d’amateurs et c’est lui qui est à l’origine du projet de réunions de courses en nocturne, avec toutes les questions techniques que cela implique ;
– Jean Thomas (président de 1989 à 2009) : c’est sous sa présidence que l’hippodrome de Saint-Galmier accueille pour la première fois une course servant de support au Tiercé- Quarté et Quinté Plus national ;
– Claude Bayard (président de 2010 à 2018) ;
– Jean Bouchardon (président de 2018 à avril 2021).
Le 17 avril dernier, 122 ans après sa création, un neuvième président a été élu à la tête de ladite société : François-Xavier Jay, le fils de René Jay. Âgé de 71 ans, le nouveau président s’est penché d’emblée sur le cas particulier que représente l’année 2021. Si, en raison de la pandémie de la COVID 19, la plupart des réunions de courses hippiques ont eu lieu à huis clos, François-Xavier Jay souligne que « le fait de disposer aujourd’hui d’une jauge sanitaire de 3 000 spectateurs, permet à l’hippodrome Joseph Desjoyaux de retrouver son public et de redonner pleinement vie aux trois pistes de course. »
L’hippodrome de Saint-Galmier en chiffres (statistiques 2019) :
13 journées de courses
105 épreuves de trot
8 épreuves de galop
7535 spectateurs
Montant des enjeux-hippodrome :
300 000 euros (dont 240 000 euros pour le quarté régional)